Quand les immigrés d'europe ce rendent au bled.. Histoire!

ls sont 250 000, chaque été, à faire la traversée Marseille-Alger, et presque autant à rejoindre Oran à partir d'Alicante, en Espagne. De ce voyage, ils se sont fait une joie toute l'année. Et puis, au fur et à mesure que le jour du départ a approché, la tension a monté. Il y a eu les courses à faire. La tradition, c'est de rentrer au bled avec des cadeaux pour tout le monde. Ensuite, il a fallu charger la voiture. A craquer. Le toit surtout. Puis faire la descente sur Marseille. Interminable, dans un espace réduit au minimum.

Ces Algériens installés en Europe arrivent d'Angleterre, de Belgique, de la banlieue parisienne, des environs de Lyon... Beaucoup ont fait la route de nuit. Quand ils atteignent le port de Marseille, il leur faut attendre des heures sous le soleil avant de faire monter la voiture sur le bateau. Et voilà que la police et la douane françaises font la pause, le temps du déjeuner. Une spécialité, paraît-il, du port de Marseille. Les retards s'accumulent.

Mais le pire est à venir. Avoir réservé des couchettes, des mois auparavant, n'est pas une garantie. Le bateau est surbooké. Beaucoup se retrouvent avec un simple fauteuil et s'en aperçoivent en recevant leur carte d'embarquement. Dur, pour une traversée qui dure une après-midi et une nuit entières. "Chaque année c'est pareil : un "bifton" suffit souvent à arranger les choses, comme par miracle", disent-ils, furieux.

A bord, le personnel tente de contrôler la situation. Dans la chaleur pesante de ce samedi d'été, ils sont 1 200 passagers sur le Tariq , ferry en service depuis une dizaine d'années. La plupart sont des binationaux. Tous sont des habitués de ce bateau. "On s'arrange chaque année pour prendre le Tariq . On l'aime bien, on s'y sent chez nous", disent-ils, unanimes.

Ceux qui sont venus sans voiture ont l'impression de faire une croisière. Les autres ont un souci en tête : l'arrivée à Alger, les contrôles de police et de douane.

Pour l'heure, chacun s'organise. En classe économique, les familles ont apporté des draps et des couvertures. Elles les étalent à même le sol, dans les coursives. Cela ne leur fait pas plaisir de se donner en spectacle. Beaucoup se sentent humiliés. "On n'a pas le choix. Si seulement nos sièges étaient inclinables, on pourrait dormir. Mais comment voulez-vous fermer l'oeil en restant assis à angle droit ?" , dit un jeune, en montrant sa mère en hidjab (foulard islamique) et sa soeur, déjà allongées par terre, en plein après-midi, pour garder la place.

"CHOC DES CULTURES"

Amine, 30 ans, archiviste à Londres, dispose d'un lit en cabine. Il a pourtant préféré y renoncer. "Mes voisins -de chambrée- se sont pointés à six pour trois couchettes ! J'ai protesté. Ils m'ont dit d'aller voir ailleurs", soupire-t-il, fataliste.

"Le choc des cultures commence là, dans ce que les immigrés appellent la "désorganisation" algérienne. Eux ont pris la mentalité française. Ils savent ce qu'est la discipline. Sur le bateau, puis en Algérie, ils découvrent tout autre chose et ça crée quelques tensions", explique en souriant le responsable de la classe économique.

Abdel, 26 ans, cheveux longs bouclés, bermuda et tongs, rentre d'un stage en Australie. En août, il se rendra à Saint-Barthélemy, aux Antilles. Pour l'heure, tout l'énerve, et d'abord les toilettes du bateau. "Elles se transforment en pataugeoires avant même le départ à cause des ablutions [lors des prières] des passagers" , déplore-t-il.

Si c'était lui ­ il est étudiant en management en France ­, il organiserait les choses autrement. "Il suffirait de faire passer des femmes de ménage avec une serpillière toutes les demi-heures ! Il faudrait surtout qu'on impose des règles à tout le monde et qu'elles soient respectées. Sous prétexte qu'ils se connaissent, les Algériens veulent toujours s'arranger entre eux. Ce n'est pas la solution ! Regardez les Tunisiens : ils sont capables de faire la queue. Les Algériens, jamais !"

Malgré la "pataugeoire" et tout ce qui ne va pas, se réjouit-il à l'idée d'être demain en Algérie ? "Je serai content quand j'aurai franchi la douane. Pas avant. Je sais comment ça se passe là-bas. Il y aura le douanier en train de se faire griller au soleil. Il me regardera avec ma voiture, l'air de dire : "Tu vas en chier comme moi j'en chie !""

En Algérie, on ne considère pas Abdel comme Algérien. On l'appelle "le Français" ou "l'immigré" . On lui envie beaucoup de choses, en particulier son passeport français. Lui, au moins, n'a pas de problème de visa. Pourquoi revient-il chaque année à Chlef, sa ville natale, si tant de choses l'agacent ? Abdel s'adoucit. "Parce que ce sont mes racines. Mes attaches sont là-bas... Je suis français, c'est clair, mais je me ferai enterrer en Algérie."

"DJILBEB" ET DÉCOLLETÉ

Sur le pont supérieur, Meryem, enveloppée d'un djilbeb noir (tenue islamique longue et stricte), s'occupe de son dernier-né tout en bavardant avec sa voisine, Khadija, son opposé du point de vue vestimentaire (robe courte décolletée, sans manches). Toutes deux ont moins de 30 ans. C'est la première fois que Meryem, née en France et déjà mère de cinq enfants ­ dont un qu'elle a adopté ­ se rend en Algérie. Du pays de ses parents, elle ne connaît rien, sinon ce qu'elle a vu à la télévision.

Khadija, elle, revient au pays chaque été avec sa mère et la quasi-totalité de ses six frères et soeurs. Tous ont accompli le rêve de leurs parents : faire des études supérieures en France.

D'une année sur l'autre, la jeune femme remarque des changements en Algérie. Les mentalités évoluent, dit-elle. "A moins que ce soit moi qui me sente plus à l'aise là-bas, ce que je n'étais pas pendant mon adolescence" , précise-t-elle, pensive. Il lui semble, par exemple, que, sur la plage, "les types regardent un peu moins les filles comme des bêtes !" . Seul, son jeune frère de 19 ans a refusé, cette année, de faire le déplacement. "Il n'aime pas les gars de là-bas. Il ne supporte pas leur mentalité. Il n'aime pas non plus les filles [d'Algérie]. Il dit qu'elles "s'accrochent" ! ", raconte-t-elle en riant.

C'est en Algérie, non à Moulins où elle habite pourtant depuis vingt ans, que Khadija a rencontré son mari, en 2000. Il est aujourd'hui sur le Tariq avec elle, sa belle-mère, ses beaux-frères et belles-soeurs. En Algérie, il était militaire. En France, il vit de petits travaux de maçonnerie. A terme, il espère rentrer dans l'armée française. Khadija se dit heureuse. "Je le trouve plus ouvert que beaucoup d'Algériens de France. Avant lui, je suis sortie avec quelqu'un de là-bas [un immigré]. Il fallait pas que je mette de débardeur, que j'aille à la piscine... C'était insupportable. Avec mon mari, je ne mets pas de foulard et je profite de tout !"

"TU RÊVES TROP !"

Assise à table dans le restaurant de première classe, cette famille vient de Liège. La mère, en élégant tailleur vert, est belge d'origine, et son mari, algérien. Comme chaque été, ils rentrent à Tipaza avec leurs deux fils étudiants. "Ma mère dit qu'il y a trois fêtes dans sa vie : l'Aïd el-Fitr, l'Aïd el-Kébir et le retour de son fils !" , dit le père, souriant et ému. A Liège, il est soudeur. Il s'estime accepté dans son milieu professionnel, mais cela a un prix : "travailler double" . Il doit toujours "prouver qu'il est bon" . Sinon, il s'entend dire par ses patrons : "Tu rêves trop de tes vacances en Algérie !" , ou : "Tu penses trop à ta famille algérienne !"

Cela fait vingt-sept ans que ce binational habite Liège. Et vingt-sept ans que Tipaza lui manque. Il reviendra y vivre quand il sera à la retraite. Pourtant, il s'exaspère, lui aussi, de l'"inorganisation" en Algérie. Mais en Belgique, on le regarde comme un étranger, pendant les repas par exemple. "Je ne bois pas d'alcool et je ne mange pas de porc. Quand mes collègues s'en aperçoivent à table, je sais ce qu'ils pensent : "Comment ? Tu es chez nous et tu ne manges pas comme nous ?"."

Sa réussite, dit-il, est d'avoir habitué ses enfants aux deux cultures. "Ils sont belges en Belgique et algériens en Algérie !" , affirme-t-il fièrement. L'un de ses fils intervient alors doucement : "Non, papa, ce n'est pas tout à fait cela. Moi, je me sens belge en Algérie et algérien en Belgique !"

(Source: LeMonde )

On t'écoute lol

moi je veux encore des temoignages!!!

Oui j'avais trouvé un blog qui résume bien kk histoires, le temsp de le retrouver et je vous le donne

C bon il est là mdr :http://algerie-omri.skyblog.com/