FRANCHEMENT...

(En 1995 déjà, le groupe NTM faisait scandale avec une chanson dont les paroles disaient : « Mais qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu ?)

Le rap est-il dangereux ?

«MAIS qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu ? » scandaient les NTM en 1995. Des paroles tristement prémonitoires. Comme celles des Marseillais de IAM ou de bien d'autres groupes de rap.
Depuis plusieurs années, des musiciens expriment cette misère des cités que beaucoup ont découverte à travers les violences urbaines des dernières semaines. Une expression parfois trop agressive ? Le ministère de l'Intérieur a ainsi poursuivi le groupe la Rumeur pour « diffamation publique envers la police nationale ». Les rappeurs, finalement, ont gagné en première instance. Leurs textes peuvent certes être très virulents, mais se veulent avant tout militants.

« La brutalité de nos textes est au-dessous de la réalité »

« Oui, notre manière d'appréhender la réalité génère un phénomène d'identification, clame Hamé. Car nous mettons des mots sur des sentiments qu'éprouve aussi une partie de notre public. Mais la brutalité de nos textes est au-dessous de la réalité. On ne se fixe pas de limite, parce qu'on parle à la première personne. C'est complètement subjectif, on n'est pas mandatés par un groupe quelconque. »
Le journaliste Olivier Cachin n'hésite pas à se mettre à la place des rappeurs. « Leurs propos peuvent paraître violents, mais c'est parce qu'ils décrivent un monde violent. Les paroles haineuses à l'égard de la police ne sont pas de simples incantations. Essayez de vous imaginer ce que c'est que d'être contrôlé, fouillé au corps plusieurs fois par jour, toujours par ces mêmes policiers qui vous croisent tout le temps ! »
Disiz la Peste, lui, est nettement plus critique. « Oui, le rap peut être dangereux. Certains groupes sont plus ou moins démagogues, mais ils sont toujours le reflet de ce que pensent certaines personnes. Ce n'est pas pour autant qu'il faut interdire le rap. » Quant à Doc Gyneco, il s'offusque carrément des propos de certains rappeurs. « Ils profitent du mal pour faire encore plus de mal. Quand tu es jeune et que tu écoutes ces chansons, ça va forcément t'inciter à la violence. »

Qu'en pensez -vous ,je ne sais si ce sujet à été discuter dans le forum ?

Salut,

Bah oui, c 'est un sujet discutable lol...

Pour moi le rap n'est pas plus dangeureux qu 'autre chose, c'est pas parceque les paroles sont ainsi que bon ...

Perso j'ai jamais connus un jeune qui, aprés avoir écouté une zik de ce genre est allé brûler une voiture ou cassé un magazin lol

Je crois que pour des jeunes en manque de repères, souvent en échec scolaire et en butte avec la société qu'ils considèrent comme responsable de tous leurs maux, écouter de la musique rap avec des paroles telles que :

Extrait d’une chanson de 113
” J’crie haut, j’b..se votre nation, l’uniforme bleu, depuis tout p’tit nous haïssons. On remballe et on leur pète leur fion. Faut pas qu’y ait une bavure ou dans la ville ça va péter, du commissaire au stagiaire, tous détestés ! A la moindre occasion, dès qu’tu l’peux, faut les balayer, bats les co..lles, les porcs qui représentent l’ordre en France ”

Ni..e le système ” de Sniper
” N..uer l’systeme, ils auront le feu car ils ont semé la haine qu’on les brule, qu’on les pende ou qu’on les jette dans la Seine. Elle cherche a bruler nos racines, mais y a des soldats, des vrais guerriers dans l’ghetto. J’aimerais être dans la peau de ce flingue, tenu dans la main d’un beur qui se verrait caler LePen ”

Extrait de la chanson “La France ” de Sniper
” Pour mission exterminer les ministres et les fachos. La France est une garce et on s’est fait trahir. On ni..e la France sous une tendance de musique populaire, les frères sont armés jusqu’aus dents, tous prêts à faire la guerre ! Faudrait changer les lois et pouvoir voir bientôt à l’Elysée des arabes et des noirs au pouvoir, faut que ça pète ! Frère je lance un appel, on est là pour tous ni..er, la France aux français, tant qu’j'y serai ça serait impossible, leur laisser des traces et des séquelles avant de crever. Faut leur en faire baver v’la la seule chose qu’ils ont mérité, t’façon j’ai plus rien a perdre, j’aimerais les faire pendre. Mon seul souhait désormais est de nous voir les envahir, ils canalisent la révolte pour éviter la guerre civile. “

Ces paroles peuvent être prises au premier degré par des jeunes souvent fragiles et qui n'ont pas la maturité nécessaire pour avoir assez de recul face à tant de violence. Pour autant, j'apprécie assez certaines chansons telles "le retour du babtou ou un ange dans le ciel" de Kool shen !

Salamaleykum,

Et oui, certains artistes ou certaines musiques ont toujours suscités des controverses.

Revenons en arrière, dans les années 1960, à l'époque où la plupart des membres des groupes de rap actuels n'étaient même pas nés. Pourtant, des chansons subversives interprétées par des artistes dits "provocateurs" étaient déjà chose courante. Certains étaient mêmes interdits d'antenne à la radio ou à la télévision.

Pourquoi ça ? Car les idées qu'ils véhiculaient étaient susceptibles de nuire à l'ordre public. Ces artistes étaient - entre autres - Boris Vian, Georges Brassens, un peu plus tard Serge Gainsbourg, sans oublier Léo Ferré qui n'était pas spécialement reconnu pour être un partisan farouche de la "Mère Patrie"...

Leurs chansons s'intitulaient par exemple "Le Déserteur", "Le Gorille", "Je t'aime, moi non plus"... Leurs textes narraient l'histoire d'un jeune appelé à la guerre envoyant une lettre au Président de la république pour lui signifier qu'il désirait déserter, car se battre était contraire à ses convictions... ou bien les aventures d'un gorille s'échappant de sa cage et bien décidé à copuler avec un juge, quand on entendait pas des gémissements plutôt suggestifs d'une jeune femme...!

Aujourd'hui, il se trouve que certains de ces titres et artistes sont devenus des classiques diffusés plus que de raison à la radio. Et des artistes actuels les reprennent même dans leur répertoire.

Je pense que pour le rap, la situation est la même. Des paroles très subversives et dans l'air du temps, des artistes - sinon engagés - révoltés, des pouvoirs publics parfois enclins à mener devant la justice ces artistes, estimant que leurs chansons sont susceptibles de troubler l'ordre public. Finalement, on ne fait que répéter ce qui s'est passé quelques décennies auparavant.

Au Maghreb également, il existe des artistes assez frondeurs - notamment au Maroc - où l'on trouve des groupes de rap dont les textes évoquent sans langue de bois les problèmes que rencontrent les jeunes, comme par exemple une très grande précarisation sociale.

Certains chanteurs de raï font passer des idées un peu plus subversives que leur textes à l'apparence anodine ne voudraient le laisser croire... et notamment sur le plan sexuel...

Donc ma conclusion est qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, les censeurs ont encore de beaux jours devant eux, comme les interprètes dits "subversifs".

Besslama,

AUGUSTUS